Mumuse
(En facétieux clin d’œil à la Nuit de Mai, de Musset)
La nuit m’a murmuré « Poète, prends ton rut
et me donne tout simplement tous tes baisers
faut pas vivre à l’économie, faut pas doser
raye les mots pas sûr, peut-être, bof et zut
va déployer ta voile aux lointains alizés »
Alors j’ai plus signé le contrat d’assurance-vie
j’ai résilié l’emprunt bancaire sur 25 ans
je sais même plus si je me marie, surtout pas quand
travail famille patrie je ne suis plus de cet avis
La nuit m’a murmuré « Poète, prends ton rut
et me donne tout simplement tous tes soupirs
faut pas trop réfléchir, il n’y a rien de pire
raye pensées prudentes, plans, desseins et buts
va déployer ton corps aux lointains qui respirent »
Alors j’ai pas signé l’engagement de fonctionnaire
j’ai arrêté de travailler mon petit jardin
je sais même plus si je vais pas me faire baladin
fichiers codes numéros c’est plus bien pour mes nerfs
La nuit m’a murmuré « Poète, prends ton rut
et me donne tout simplement toutes tes transes
faut pas se retenir, n’aie pas le rêve qui cranse
raye le pour le contre les détours les discutes
va déployer ta joie à des lointains non ranses »
Alors j’ai plus acheté de bagnole à crédit
j’ai viré tout ce qu’est pas liberté au comptant
je sais même plus si je vais faire la seconde mi-temps
métro boulot dodo c’est plus mon paradis
J’ai rayé les pas sûr, peut-être, bof et zut
rayé pensées prudentes, plans, desseins et buts
rayé le pour le contre les détours les discutes
la nuit m’a murmuré « Poète, prends ton rut »